3 Juillet 2019
Mardi 2 juillet, 23 heures UTC (mercredi 1 heure du matin à Lille).
Chers amis, ça y est, nous sommes ”au milieu” de l’Océan, à mi-chemin entre l’Amérique et l’Europe, à égale distance - 2760 kilomètres - des côtes du New-Jersey et des falaises portugaises. L’archipel des Açores se rapproche. Nous avons parcouru les deux tiers de notre route et filons droit sur l’île de Flores, où nous espérons arriver samedi.
Le vent et les courants continuent de jouer à cache-cache avec Kornog. La nuit de samedi à dimanche a été très inconfortable, au près serré (vent quasiment de face) sur une mer agitée par un courant contraire. La nuit suivante en revanche a été trop calme, au moteur, sur une mer d’huile... Nous passons beaucoup de temps à étudier les prévisions météorologiques et à changer de voiles en fonction des caprices du ciel. Nous traversons de temps en temps un bras du Gulf Stream, qui nous pousse, ou au contraire nous ralentit. Cela nous occupe et me permet de réviser les manœuvres apprises au cours de ce long périple.
Aujourd’hui nous avons navigué toute la journée au bon plein (vent de trois-quarts face) sous le soleil et sur des vagues vigoureuses, qui rinçaient le bateau allègrement. Ce n’est pas agréable mais ça avance.
Depuis notre départ, nous n’avons pas rencontré grand monde, à part quatre baleines, quelques dauphins et de rares cargos. Mais nous voyons de plus en plus de méduses physalis flotter sur l’eau. De loin, elles ressemblent à des petits sachets en plastique translucides. De près, on dirait des mini voiliers avec leur aile gonflée par le vent. Elles sont bleues, rose ou pourpres, très gracieuses, mais dangereuses.
Côté intendance, nous terminons nos réserves de produits frais et attaquons les boîtes de conserve. Après avoir pêché et dégusté une belle dorade coryphène, nous en avons raté une deuxième, encore plus grosse, qui s’est décrochée au moment où on la remontait. Nous avons aussi perdu quelques appâts. L’eau est trop froide maintenant pour ces dorades. Nous espérons attraper des petits thons.
Le temps passe lentement. Les journées sont rythmées par les manœuvres, les siestes, les repas et les duels de Scrabble auxquels le Capitaine se plie de mauvaise grâce. Tout va bien à bord. On sera content d’arriver.