17 Octobre 2018
Salut les néophytes ! Aujourd’hui j’ai envie d’aborder une notion que les navigateurs maîtrisent, mais que personnellement je n’ai découvert que bien après 50 ans, lorsque j’ai commencé à faire du bateau : la différence entre le vent réel et le vent apparent. Vous pouvez vous moquer, j’assume mon ignorance.
Le vent réel est le "vrai" vent, celui qui fait tourbillonner les feuilles mortes, nous décoiffe sur la photo du dimanche et empêche les personnes âgées de sortir. Il s’appelle Mistral, Tramontane ou Sirocco.
Le vent apparent se crée lorsqu’on se met en mouvement, par exemple en dévalant une côte à bicyclette ou en hurlant sur les montagnes russes. Même un 15 août sans un poil d’air, les cheveux volent sur les balançoires. Si en plus il y a du Mistral, ça risque de voler dans tous les sens.
Pour naviguer à la voile, il faut du vent, même moi je savais cela. Mais avant de m’y mettre, je n’avais jamais envisagé qu’en avançant, le bateau crée son propre vent, qui vient tout compliquer. C'est pourtant assez simple. Quand on est à l'arrêt, le vent que l'on ressent, est le vent réel. Mais dès qu'on bouge, ce vent est modifié par celui que l'on crée. Le vent "apparent" est donc différent du vent réel et sur un voilier, ce qui compte, c'est le vent apparent.
Si on a le vent (réel) de face, ça implique qu’on avance contre lui. Et comme en se déplaçant, le bateau crée son propre vent, les deux forces vont s’opposer, comme deux petits coqs, et s’additionner. Quand le voilier remonte au vent, le vent apparent est donc plus fort que le vent réel, et comme on le reçoit en pleine figure, on a une sensation de vitesse très importante, même si on n’avance pas très vite (et en plus c’est très inconfortable car le bateau gîte beaucoup).
Pour gonfler le spi, il faut que le vent vienne de l'arrière. Mais si le vent n'est pas suffisamment fort, le bateau le rattrape et le spi se dégonfle.
A contrario, quand on navigue avec le vent dans le dos, comme le bateau et le vent avancent dans la même direction, la sensation de vitesse est quasi nulle, alors qu’en réalité, on progresse plus vite que dans la situation précédente. Sur des voiliers taillés pour la course, il peut même arriver que le bateau, grâce au vent apparent, rattrape le vent réel et le dépasse.
Enfin, quand on a le vent de côté, on est bien ballotés, mais on est tranquilles, il n’y a rien à soustraire ni à additionner : le vent réel et le vent apparent sont à peu près de force identique.
Tout cela pour dire qu’à cause du vent, bien réel celui-là, et de la houle, nous n’avons pas pu débarquer aux Ilhas Selvagens, deux îlots inhabités à mi-chemin entre Madère et les Canaries, où nous espérions débusquer quelques pétrels. Nous les avons regardés de loin, en grignotant notre sandwich et sommes repartis vent debout, vers l'île de la Graciosa, au nord des Canaries, où nous venons d’arriver.
Après toutes ces explications, vous devez vous demander à quelle vitesse on avance sur le bateau. Et bien tout dépend de quelle vitesse vous voulez parler, car sur la mer il y en a trois : la vitesse sur la surface de l’eau, la vitesse par rapport au fond et la vitesse par rapport à un point donné. Et encore, je ne vous parle pas des différentes allures !