1 Février 2019
Salut les bricoleurs ! Vous savez comment c’est, quand on a des amis à la maison, on ne voit pas le temps passer et on néglige son Korblog. Et puis, je dois être honnête, j’ai des scrupules à vous raconter nos zigzags entre des îles paradisiaques sur le plus beau bateau du monde, nos baignades dans une eau cristalline à 27 °C au milieu des poissons multicolores et des tortues débonnaires, nos conversations enflammées au coucher du soleil et nos dîners sous le ciel étoilé, alors que vous êtes dans la neige et le froid, que les trains sont encore plus en retard que d’habitude, que les avions ne décollent plus et, surtout, que vous venez de recevoir votre première feuille de paye amputée de l’impôt à la source.
Dès qu'on arrive les "boat vendors" viennent vous proposer du pain, des croissants, des t-shirts, des paréos...
J’ai donc décidé de vous raconter nos petites misères de la vie quotidienne, pour que vous ayez conscience que, même au paradis, les frigos tombent en panne, les moteurs toussent et il faut repriser les chaussettes… de spi.
Le premier à nous avoir lâchés c’est le frigo, ou plutôt la glacière, qui se présente sous la forme d’un bac dont le couvercle fait office de plan de travail. D’abord il s’est mis à faire du froid non-stop, si bien que tout était givré à l’intérieur. Il devait avoir le mal du pays, il fabriquait de la neige ! Comme je le débranchais régulièrement pour préserver nos batteries, il s’est résigné et n’a plus produit de froid du tout. Nous avons dû passer par-dessus bord nos réserves de jambon et de fromage et nous gaver de légumes avant qu’ils pourrissent. Et ça, juste au moment où nos amis Yvan et Laure s’annonçaient pour passer dix jours sur le bateau avec nous.
Ensuite il y a eu la quille. A Tobago, Gilles s’était mis en tête de la régler. C’est une quille qui se relève grâce à un vérin hydraulique. Elle passe de 2,80 mètres à 1,05 mètre de tirant d’eau (de longueur) ce qui est très pratique quand on arrive dans des ports ou des mouillages où il y a peu d’eau. Mais une fois réglée par Gilles, la quille a refusé obstinément de redescendre. Or, sans quille, on ne peut pas naviguer car c’est elle qui stabilise le bateau et l’empêche de se retourner quand il y a du vent.
Après avoir passé 57 minutes très coûteuses au téléphone avec le constructeur du Pogo, nous avons réussi à remettre la quille à la verticale, en nous jurant de ne plus y toucher avant d’être dans un "vrai" port, et nous avons mis le cap sur Grenada, où nous devions récupérer nos amis.
Sauf qu’à Grenada, Gilles s’est mis en tête de remettre de l’huile dans le système hydraulique du vérin de quille, car on avait constaté qu’il en manquait. Après une bonne heure de marche en plein soleil, au bord d’une voie rapide dans une zone industrielle, nous avons trouvé un bidon de 18 litres de l’huile adéquate (grade 46 pour ceux que ça intéresse) alors qu’il nous en fallait à peu près un litre. Heureusement le vendeur nous a raccompagnés jusqu’à notre annexe en voiture.
De retour au bateau devinez ce qui est arrivé ? Gilles a fait le plein d’huile et, malgré ses bonnes résolutions, essayé d’actionner la quille, qui, bien sûr, est restée coincée en position haute. C’était un vendredi après-midi, le constructeur du bateau était en week-end et nos amis arrivaient le lendemain soir. Je ne vous décris pas l’ambiance à bord de Kornog, vous êtes suffisamment gelés comme ça !
Bref, le lundi à 5 heures 30 du matin (10 heures 30 en Bretagne) on a rappelé le constructeur et réussi à redescendre cette foutue quille pour pouvoir naviguer avec nos copains. Ouf !
Tout ça pour dire que pour l’instant on est à quai dans le port du Marin, à la Martinique et on bricole. Nos amis sont repartis. Le frigo a été réparé hier, la quille devait l’être ce matin, mais le spécialiste en hydraulique était malade. Il devrait venir demain, avec son mot d'excuse
Après la réparation du sac de l'annexe, il y a le génois à recoudre (la voile avant) car il menace de se détricoter !
En attendant le réparateur de quille on a prévu de faire quelques menus bricolages, le ménage, les courses et la lessive. Un vrai programme de week-end, comme à la maison. Et si on se sent un peu seuls maintenant que nos amis sont partis, on invitera nos voisins de ponton à boire une bière fraîche sur Kornog. Ils n'ont pas de chance, leur frigo est en panne !