28 Février 2019
Salut les mordus ! Il y a deux jours, c’était la fête en Guadeloupe. Je ne parle pas du carnaval mais de la fête sur notre bateau : nous avons essayé notre nouveau gennaker.
Pour mémoire, c’est une voile qui se met très à l’avant, au bout d’un tube en carbone (le bout-dehors), pour aller vite. Au début de notre voyage, nous en avions deux, un de 55 m2 et un de 68m2, mais, pendant la traversée de l’Atlantique, juste avant l’aube du 9e jour, nous avions déchiré le petit dans une survente, sans espoir de raccommodage. Depuis il nous manquait beaucoup.
Dès notre arrivée à la Martinique, le Capitaine en avait commandé un nouveau au Père Noël. Il nous est parvenu il y a quelques jours, tout beau tout neuf, dans les bagages de Laurence et Hugues, sa sœur et son beau-frère.
Vous savez comment sont les enfants, dès qu’ils ont un nouveau jouet ils veulent l’essayer. C’est ce que Gilles a fait quand nous avons quitté Pointe-à-Pitre en direction de Deshaies, une jolie anse au nord-ouest de la Guadeloupe. A peine sortis du port, nous l’avons "envoyé", comme dit le Capitaine, mais nous avons dû le rouler assez rapidement car le vent ne s’est pas montré coopératif. Toutefois, Gilles avait l’air satisfait. Vivement la prochaine traversée pour que ce gennaker nous montre ce qu’il a dans le ventre !
Et voici à quoi ressemble notre nouvelle voile, quand elle est roulée, au pied de l'escalier, avant d'être rangée dans son sac.
A part cet événement majeur que s’est-il passé depuis notre arrivée à la Guadeloupe ? Pas grand-chose, ou plein de choses, selon la manière dont on aborde la question. Nous nous sommes fait un nouveau copain dans le port de Saint-François, qui justement s’appelait François ; nous avons déjeuné avec la cousine de Gilles, qui justement était en vacances à la Guadeloupe ; nous avons essayé de visiter le musée Saint-John Perse de Pointe-à-Pitre, qui justement était fermé et nous avons acheté un harmonica dans un magasin de musique, qui justement faisait des soldes.
Nous avons aussi passé une matinée au musée de l’esclavage de Pointe-à-Pitre (les photos y sont interdites, mais vous saurez tout en cliquant ici) et un après-midi au carnaval, zim-boum-boum.
Par certains côtés, le mémorial ACTe (musée de l'esclavage) a un petit air de ressemblance avec le MuCEM à Marseille.
Ici ce sont surtout les femmes qui se déguisent et défilent, contrairement à Dunkerque où ce sont les hommes qui portent les plus beaux chapeaux.
Et bien sûr nous nous sommes promenés dans les magnifiques paysages maritimes, champêtres et forestiers de la Guadeloupe. Le soleil, le ciel bleu, la mer calme ou déchaînée, les lagons transparents, les champs de canne à sucre, les bananeraies, les cocotiers sur la plage, les cascades, on ne s’en lasse pas.
Depuis notre arrivée dans les petites Antilles, nous menons une vie de nomades, à la fois palpitante, fatigante et un peu frustrante. Palpitante car nous faisons de belles rencontres et découvrons chaque jour de nouveaux paysages, des villes, des villages, des modes de vie, des aliments inconnus...
Fatigante, car la navigation entre les îles n’est pas aussi simple qu’il y paraît. Le vent aime jouer à cache-cache dans les montagnes et réapparaître brusquement en criant très fort pour nous surprendre, ce qui nécessite beaucoup d’attention et de réactivité.
Chaque nouvelle escale demande un petit temps d’adaptation sans compter les nombreux détails à régler : gonfler l’annexe, trouver le bon bureau et le bon créneau horaire pour accomplir les formalités d’entrée et de sortie, choisir le bon mode de déplacement (bus, voiture, vélo ou marche) et surtout les endroits où nous voulons aller, car, malheureusement, nous ne pouvons pas tout visiter.
Nous nous sommes promenés à la Pointe des Châteaux, au bout de Grande Terre. Au loin, on voit l'île de La Désirade.
Avant de repartir, nous devons à chaque fois ranger le bateau parfaitement et bien verrouiller les placards, sous peine de retrouver nos chaussettes dans les assiettes et vice-versa. Et forcément, quand on a sympathisé avec d’autres navigateurs, on a l’impression qu’on ne s’est pas tout dit et on se sépare avec regret.
Pour Gilles, tout cela coule de source. De mon côté, je largue souvent les amarres avec petit pincement au coeur. Mais ne vous y trompez pas, je n’échangerais ma place pour rien au monde. Aujourd’hui, nous quittons la Guadeloupe et nous reprenons nos sauts de puces entre les îles. Première destination prévue : Montserrat, dont la moitié sud est inaccessible pour cause de volcan en activité. Encore une escale qui promet d’être palpitante !