8 Mars 2019
Salut les mélomanes ! Saviez-vous que plusieurs stars du rock ’n’ roll ont enregistré des albums à Montserrat dans les années 80 ? Le producteur des Beatles, Sir George, avait fait construire, dans cette petite colonie britannique, une magnifique maison équipée d’une piscine et d’un studio d’enregistrement ultra moderne, où les Rolling Stones, Phil Collins, Elton John ou encore Paul Mac Cartney venaient travailler incognito, au calme, en profitant de la piscine et d’une vue imprenable sur la mer. Montserrat était à l’époque une île pimpante et bien portante.
C'est dans cette maison que Sir George avait fait aménager le studio d'enregistrement Air Montserrat.
Mais en 1989, Montserrat a été dévastée par le cyclone Hugo. Quelques années plus tard, alors qu’elle se relevait tout doucement, l’île a subi un deuxième cataclysme : le réveil de la Soufrière. Le volcan crachant de plus en plus de pierres, de gaz et de fumées, le gouvernement a décidé, en juin 1995, d'évacuer la population du sud de l'île vers le nord. Plus de la moitié des habitants ont dû quitter leur maison en n’emportant que quelques affaires pour la nuit, sous peine de recevoir des cailloux sur la tête.
Le centre de Plymouth aujourd'hui. A droite, c'est le même immeuble que sur la photo au-dessus, enseveli sous les cendres.
Pour les habitants du sud de l’île, la première nuit d’exil a été suivie d’une deuxième nuit, puis d’une troisième et ainsi de suite. Au final, ils ne sont jamais rentrés chez eux. Et quand, enfin, après plusieurs années, ils ont été autorisés à retourner dans leurs maisons pour récupérer leurs biens, il était trop tard. Toutes les maisons avaient été dévalisées par des cambrioleurs venus par la mer, qui revendaient leur butin dans les îles voisines. Un seul a été arrêté et jugé. Il a écopé de sept ans de prison.
La Soufrière n’a jamais craché de lave mais lors d'une violente éruption durant l'été 97, elle a recouvert de rochers et de cendres tous les centres névralgiques du pays : l’aéroport, le port, la capitale Plymouth, heureusement vidée de ses habitants, et la grande majorité des terres agricoles.
Petite, Yvette notre guide courait autour de la piscine (aujourd'hui remplie d'herbe) dans ce bel hôtel où travaillait sa maman.
Montserrat étant une colonie britannique, après l'éruption de 1997 la plupart des habitants ont choisi d’émigrer au Royaume-Uni ou dans les autres îles du Commonwealth, à l’instar d’Yvette, notre guide. A son niveau le plus bas, Montserrat ne comptait plus que 2000 âmes. Mais peu à peu les habitants reviennent, comme l’a fait Yvette. Ils sont aujourd’hui un peu plus de 5 000 et ont entrepris de construire une nouvelle capitale dans une petite baie au nord de l’île. Elle s’appellera Little Bay Town.
Contrairement au sud de l'île, qui descend en pente douce vers la mer, le nord est abrupt et sauvage.
C'est ici, à Little Bay que nous avons jeté l'ancre. C'est ici que sera implantée la future capitale de Montserrat.
La moitié sud de l’île est toujours strictement interdite à la population, excepté un village, rouvert depuis l’année dernière. Quelques rares habitants ont entrepris d’y restaurer leurs maisons laissées à l’abandon depuis plus de vingt ans. L’ancienne capitale Plymouth, située sur les flancs du volcan, semble définitivement enterrée sous plusieurs mètres de cendres. Les touristes sont autorisés à visiter la zone interdite, à condition d’être accompagnés d’un guide habilité et de payer un droit de passage au policier qui veille à l’entrée.
Sir George et plusieurs musiciens se sont mobilisés pour venir en aide à Montserrat. Ils ont recueilli des fonds pour la construction d’un centre culturel avec un grand auditorium, à Little Bay Town. C’est ici que sont désormais exposées les empreintes des mains de quelques noms célèbres du rock 'n' roll, qui ornaient autrefois les murs du studio Air Montserrat.
Voilà, je vous ai rapporté l’essentiel de ce que nous a raconté notre guide. Montserrat est une île paisible, de 14 kms de long, dont la moitié sud est condamnée par la Soufrière et la moitié nord en devenir. Yvette nous a fait boire à la source de Runaway Ghout, qui doit son nom à la fuite des Français lors d’une bataille contre les Anglais. Il paraît que lorsqu’on boit à cette source, on revient toujours à Montserrat. Qui vivra verra.