20 Juin 2019
Salut les copains. Pendant qu'on visite New York, on peut vous raconter ce qu'on a fait avant d'arriver ici. Après notre escale à Cap Canaveral, pour visiter le Kennedy Space Center, nous sommes remontés directement jusqu’à Beaufort, une petite ville de Caroline du Nord, située juste avant le cap Hatteras, réputé difficile à passer pour les navigateurs. Nous avons d’abord amarré le bateau dans une petite marina au milieu des bateaux de pêche au gros.
Là, on nous a prêté une voiture, sans même nous demander notre permis de conduire. Incroyable et très pratique pour aller au magasin West Marine acheter quelques pièces pour de menues réparations.
A Beaufort, nous avons rencontré Jim et Anechy, qui nous ont invités à nous installer dans leur maison, comme s’ils nous connaissaient depuis toujours. Ils naviguent depuis longtemps et savent que parfois on a envie d’un peu de confort. On a donc déplacé Kornog jusqu’à leur ponton privé et on se l’est coulée douce pendant quelques jours. Ils nous ont fait visiter le coin, nous ont présenté leurs copains, nous ont emmené faire des courses. Et on a goûté à la délicieuse cuisine d’Anechy. Un régal. Un grand merci à tous les deux.
Ensuite nous avons fait une escale dans le New Jersey, à Cape May, une jolie station balnéaire réputée pour ses maisons victoriennes cossues et ses plages de sable fin. Nous avons atterri à la Utsch’s marina, désuète mais charmante, tenue par la même famille depuis 1951. C’était la première fois qu’on était accueillis avec un cadeau : un sac contenant une bouteille de vin, une savonnette, un paquet de biscuits, une boîte hermétique pour ranger les clés du bateau et un plan de la ville.
Tout le personnel était très attentionné. Dave, qui tient la boutique d’articles de pêche de la marina le week-end, a refait gratuitement les lignes de Gilles. Un voisin de ponton est venu spontanément nous voir, pour nous offrir une bouteille de vin de son cru. Il faut dire que les pavillons français ne sont pas légion ici. Alors les gens sont curieux de savoir d’où on vient et où on va.
Merci Dave pour les conseils pour la pêche. Tu aurais aussi dû nous donner l'adresse d'un coiffeur...
Ensuite, comme le bateau était en sécurité, nous sommes allés nous installer quelques jours chez Catherine, mon amie d’enfance, retrouvée à la Dominique après 45 ans (pour ceux qui ont raté cet épisode, il suffit de cliquer ici pour tout savoir).
Catherine et son mari Ahmed nous ont bichonnés. Ils sont venus nous chercher à Cape May, nous ont prêté leur voiture... Pendant quelques jours, on s’est senti "en vacances". Je sais que ça peut sembler étrange, car nous sommes en vacances depuis dix mois, mais ça change d’avoir un lit confortable et une douche à portée de main, de voir de la verdure, des oiseaux, des écureuils et même des biches qui se promènent dans le jardin (même si Catherine peste parce qu’elles dévorent ses massifs de fleurs).
Grâce à Catherine et Ahmed, nous avons fait un peu de tourisme dans les terres et nous avons récupéré une pièce de notre hydro-générateur, qui était en panne depuis la Jamaïque. Concrètement, cela signifie qu’on a pu rebrancher notre frigo, à l’arrêt depuis deux mois faute de courant. Vous n’imaginez pas à quel point on apprécie de pouvoir à nouveau acheter du jambon et du fromage et boire une cannette bien fraîche de temps en temps.
Pour nous, les vacances c'est chez Catherine. Pour Catherine, les vacances, ça serait sur notre bateau.
Et maintenant nous sommes à New York, qui sera notre dernière escale de ce côté de l’Atlantique. Depuis notre arrivée, il fait gris, il pleut et il y a du brouillard. Mais cela ne nous empêche pas de nous promener avec nos petits vélos.
C’était très émouvant d’arriver ici en bateau et de passer devant la Statue de la Liberté, comme les 12 millions d’immigrants, qui sont venus s’installer aux Etats-Unis à la fin du XIXe siècle et au début du XXe. Nous sommes allés visiter le musée de l’immigration, sur Ellis Island, dans les locaux du centre d’accueil où les immigrés étaient triés à leur arrivée dans le Nouveau Monde. Ils débarquaient ici, après des jours de navigation, fuyant la guerre, les persécutions, la famine ou la pauvreté, comme le font les migrants chez nous en ce moment. A l’ouverture du centre, en 1892, environ 5000 personnes arrivaient chaque année. Puis le rythme s’est accéléré pour atteindre 5000 par jour. Le record a été de 11747 personnes arrivées le 17 avril 1907 !
La plupart ont pu s’installer aux Etats-Unis, mais 2% ont été renvoyés chez eux, ce qui représente quand même 250000 personnes. Quelle déception pour elles ! Et forcément, en voyant tous ces visages sur les photos, j’ai pensé à mon grand-père italien, qui à la même période, traversait les Alpes pour aller chercher du travail dans les aciéries de l’Est de la France. S’il avait choisi l’Amérique, je n’y serais sans doute pas aujourd’hui.
Comme il pleut, on passe beaucoup de temps dans les musées. Au Metropolitan Museum of Art, j'ai découvert qu'aujourd'hui, le 20 juin, c’est la journée mondiale des réfugiés. A cette occasion, le Met signale par des petits panneaux, toutes les œuvres exposées dans le musée, qui ont été réalisées par un réfugié, histoire de montrer qu’ils ne sont pas juste là pour nous prendre quelque chose, mais qu’on leur doit aussi beaucoup. J’aime bien cette initiative.
Maintenant qu'on a pris un bon bain de foule et un grand bol d'air pollué, on va pouvoir retourner à la solitude de la haute mer. Départ prévu dans deux jours. On vous préviendra.