2 Avril 2020
Bonjour à tous ! Alors ce poisson d'avril ? Il avait quel goût ? Délicatement parfumé à l'oseille comme celui de Véronique, ou un peu frelaté comme celui d'Ordralfabétix ?
J'espère que vous ne m'avez pas crue capable d'aller naviguer, en ce moment ! Mon amie Laure, médecin à l'hôpital, ne me l'aurait pas pardonné et elle aurait eu raison. RESTONS CHEZ NOUS ! C'est ce qu'on a de mieux à faire pour soutenir les soignant-e-s. Ils en bavent suffisamment, c'est pas la peine d'en rajouter.
Nous, on reste bien sagement à la maison, moi dans mon bureau, le Capitaine dans son fauteuil. A force de voir passer vos souvenirs de lecture, il s'est même replongé dans ses vieux bouquins, qui parlent d'illustres marins...
Toutes mes excuses à ceux qui ont avalé une arrête de travers en lisant le blog hier. Aujourd'hui, on reprend les choses sérieuses, voici la suite de vos souvenirs de lecture :
"Été 2010. En vue de mon année de khâgne, j’ai comme devoir de vacances de lire La Route des Flandres, de Claude Simon. Me voilà donc sur la plage du Pays basque, à m’acharner sur ce roman de guerre incompréhensible où tout se mélange, à me perdre entre des pages qui se remplissent de sable, à faire vaguement bronzette en lisant des descriptions de corps morts accrochés à des chevaux. Si je peine à m’y retrouver, c’est principalement car - comme je le répète à qui veut l’entendre - l’auteur est extrêmement avare en ponctuation, et des pages entières s’étirent sans que l’on ne rencontre ne serait-ce que l’ombre d’un point ou d’une virgule. J’enrage, j’essaye, je lis et je relis, je me dé- et me re-concentre, je reviens en arrière et puis peu à peu je me laisse porter l’écriture est fluide l’histoire l’Histoire les histoires s’entremêlent m’absorbent m’emmènent loin d’Hendaye et des Espagnols qui crient sur les serviettes d'à côté à la rentrée le prof de littérature nous fait étudier le roman presque page par page et c’est une CLAQUE je n’ai jamais rien lu de pareil l’auteur déconstruit le récit refuse d’organiser ses souvenirs et de donner un sens à la guerre la narration est explosée comme par un obus le soleil cogne il faut que je remette de la crème." Lucie, confinée à Hendaye.
"Puisqu'il faut n'en choisir qu'un seul, je choisis un livre qu'Hélène m'a offert : "Eldorado" de Laurent Gaudé. C'est l'histoire d'un garde côte italien, tout juste à la retraite, qui n'arrive plus à dormir. Sa mauvaise conscience le hante... Son chemin croisera celui d'un migrant. Leurs destins seront désormais indissociables. L'un accomplira le bien pour réparer le mal, l'autre commettra le mal pour sa liberté.
"Je lis souvent plusieurs livres en même temps mais celui-là, j’ai eu du mal à le lâcher.
Le meurtre du commandeur
Tome 1 Une idée apparaît
De Haruki Murakami
A la suite d’une séparation avec sa femme, un jeune peintre s’installe dans une maison isolée, dans la montagne japonaise, ancienne propriété d’un artiste génial. Il y découvre un tableau, qui y était caché, qui l’intrigue, l’obsède, « Le meurtre du commandeur ». Un riche homme d’affaire, son voisin, Menshiki, lui demande de réaliser son portrait. Des choses étranges se produisent autour de lui. A qui se confier, à Menshiki, si insaisissable ? Le roman file inquiétant, envoûtant... Un autre monde se révèle.
Dans l’atmosphère un peu étrange dans laquelle nous vivons pour le moment, je pense que cette lecture résonne encore plus.
« Peut-être serais-je capable un jour de faire le portrait du rien. De la même façon qu’un peintre avait été capable de dessiner Le meurtre du Commandeur. Mais il me faudrait du temps avant d’y parvenir. Je devais faire du temps mon allié. »
Faire du temps notre allié, un programme en ce moment, non ?
Hélas, je n’ai pas le tome 2 sous la main pour le moment !" Florence, confinée à Lille
Et moi ? Ce sera Jane Eyre, de Charlotte Brontë, l’histoire ultra-romantique d’une pauvre orpheline qui tombe amoureuse d’un riche monsieur plus âgé qu’elle. Un roman du XIXe siècle, bien épais, plein de rebondissements et de passion. Je l’ai lu à la fin de ma première grossesse et me suis laissée transporter par le destin incroyable de Jane et la pureté de ses sentiments. A tel point que, mue par une sorte de superstition, je l’ai relu à la naissance de ma deuxième fille et emporté avec moi à la maternité, pour la naissance de mon fils. Il y a quelques années, alors que je traversais une période difficile, je l’ai re-relu. Je n’ai pas eu le réflexe d'emmener Jane Eyre avec moi dans ma "fuite" en Bretagne. Qui sait ? Peut-être l'aurais-je re-re-relu ?
Pour l'instant je vais lire mes mails de boulot. Kenavo et à demain. Sans rancune ?