Gilles n’est pas au bord du craquage, au contraire. Il se régale, au propre comme au figuré. Comme on le voit ci-dessus, il a encore quelques réserves de gaufres liégeoises - livrées spécialement de Lille à Saint-Malo avant le départ-, qu’il grignote en alternance avec des galettes bretonnes. Et même si ça ne saute pas aux yeux, il a le moral.
Vu le stock emporté, il doit aussi lui rester quelques biscuits bretons.
Voici ce qu’il nous raconte aujourd’hui : "Je vais encore rater la messe...
Grosse journée hier, j’étais au taquet en permanence. Sous spi pendant presque 24 heures. Le vent a commencé à monter hier matin vers 8 heures et j'ai affalé à 18 heures pour être plus cool pour la nuit. Conclusion 107 miles en 10 heures, belle moyenne. Trois départs au lof sur 10 heures, ça va. Il y avait des creux de trois mètres. Même sous gennaker, je fais des surfs à 13 nœuds.
J’ai bien dormi. J’ai passé la nuit avec une mer agitée, sous petit genak et un ris (le petit gennaker est une voile d’avant plus grande que le génois mais plus petite que le spi. Elle permet d’avancer assez vite sans prendre trop de risques NDLR). Il fait toujours nuit à 7h30 TU (8h30 heure bretonne). Je viens de doubler un voilier de 14 mètres, qui avance à 4,9 nœuds. Il doit être sous génois seul. Ce cas-là, je ne l'imagine que si je déchire ma grand-voile...
Bonne messe. »
Elora est réapparu, le match peut reprendre.
Alors, pourquoi je parle de péter les plombs ? Car une lectrice assidue de ce blog m’a posé une question sur la pénalité de Loïc Escoffier et Roland Jourdain, classés 1er et 2e en Rhum Multi.
Si vous avez suivi ce blog depuis le début, vous avez lu cet article sur le contrôle de sécurité du bateau à Saint-Malo, qui a duré deux heures et 50 minutes. A l’issue de la visite, Tatiana, la charmante contrôleuse a "plombé" un certain nombre d’équipements de sécurité que les skippers n’ont pas le droit de déplacer pendant la course : le canot de sauvetage, le sac de survie, l’ancre et sa chaîne, un bidon d’eau de 9 litres et un bidon de gasoil. Pourquoi les plomber ? Pour empêcher les skippers de les déplacer pour rééquilibrer la charge du bateau afin d’aller plus vite.
Des p'tits plombs, des p'tits plombs, toujours des p'tits plombs.
Le bidon et son bouchon sont plombés. Impossible de vider le bidon pour alléger le bateau.
De la même manière, au moment du départ de la course, il est demandé à tous les skippers de plomber eux-mêmes leur moteur et de prouver qu’ils l’ont fait, en envoyant une photo à la direction de course. Comme ils ont besoin du moteur pour sortir du port et se rendre sur la ligne de départ, le moteur ne peut pas être plombé plus tôt.
La preuve que le moteur est plombé. Photo envoyée à la direction de course au moment du départ.
Pendant la course il est strictement interdit de s’aider du moteur. On peut le mettre en route au point mort, pour recharger les batteries, mais il est exclu d’embrayer et de passer les vitesses. Si pour une raison ou une autre un skipper enclenche son moteur, il doit prévenir la direction de course aussitôt. Et il aura une pénalité.
A l’arrivée de la course, un contrôleur monte sur le bateau pour vérifier que tous les plombs, celui du moteur et ceux des éléments de sécurité, sont toujours en place. Si ce n’est pas le cas, des pénalités sont prévues. Je ne sais pas si Loïc Escoffier et Roland Jourdain ont utilisé leur moteur ou si le plomb s’est cassé à cause d’un choc violent, ce qui peut arriver. Mais je peux vous dire que Gilles a mis du gros scotch sur tous les plombs de bateau avant de partir, de peur que l’un d’entre eux s’arrache.
Vu la taille du plomb, si une vague peut décrocher une table à cartes, elle peut aussi arracher un plomb.
Mais j'y pense, je ne vous ai jamais montré la photo de la table à carte qui s'était décrochée sous le choc d'une grosse vague. La voici !
Depuis, la table à cartes à été revissée.
J'espère que je ne vous ai pas plombé le moral. Pour vous changer les idées, lisez cet article qui parle des autres copains-concurrents de Kornog II.