10 Avril 2020
Bonjour à tous ! La semaine se termine. J'espère que vous avez avancé dans vos oeufs de Pâques et que vous allez m'envoyer des photos de vos oeuvres.
Les maisons (ou appartements) de nos grands-parents et leurs jardins restent décidément bien présents dans nos mémoires... Voici encore un joli texte sur un souvenir d'enfance :
Pour l'instant, c'est le dernier jardin que je peux vous faire visiter. Peut-être y en aura-t-il d'autres ? J'attends vos textes.
J'ai reçu deux nouvelles propositions de lecture, très différentes... Les voici :
« Joyeux suicide et Bonne année est un livre hilarant et émouvant, qui peut se lire comme un guide pratique de lutte contre la solitude, "un hymne à la vie" raconté sans tabou, ni complexe par Sophie de Villenoisy. Ce livre me rappelle aussi que deux mois peuvent paraître longs... ou courts, ça dépend de ce que l’on fait...ou pas !!!
Joyeux confinement et à bientôt, sur une terrasse autour d’un bon gâteau et d’une orangeade pour parler de nos nouvelles expériences. Prenez soin de vous. »
Delphine, de Marquette-lez-Lille.
" Parmi les livres à la portée de ma taille, ma main a ressorti, chez Gallimard 1948, les "Lettres à un ami allemand", d’Albert Camus. J’avais oublié que dans sa troisième lettre, datée d’avril 1944, Camus chante l’Europe à venir. Cela vaut d’être cité :
« La nôtre (Europe) est une aventure commune que nous continuerons de faire, malgré vous (= les nazis, cf. la préface inédite) dans le vent de l’intelligence. Il m’arrive quelquefois, au détour d’une rue, dans ces courts répits que laissent les longues heures de la lutte commune, de penser à tous ces lieux d’Europe que je connais bien. C’est une terre magnifique faite de peine et d’histoire. Je recommence ces pèlerinages que j’ai faits avec tous les hommes d’Occident : les roses dans les cloîtres de Florence, les bulbes dorés de Cracovie, le Hradschin et ses palais morts, les statues contorsionnées des pont Charles sur l’Ultava, les jardins délicats de Salzbourg. Toutes ces fleurs et ces pierres, ces collines et ces paysages où le temps des hommes et le temps du monde ont mêlé les vieux arbres et les monuments ! Mon souvenir a fondu ces images superposées pour en faire un seul visage qui est celui de ma plus grande patrie. Quelque chose se serre en moi lorsque…"
"Quelque chose se serre en moi…", je reprends à mon compte cette dernière citation, quelque chose se serre en moi quand je vois l’état où se trouve l’Europe aujourd’hui, la difficulté qu’ont les Etats, et les peuples, en raison de leur passé, de leur histoire propre, à se fondre dans cette unité de civilisation, cette Europe qui se devrait de montrer "un seul visage, qui est celui de notre plus grande patrie." Quelque chose se serre en moi parce que j'ai connu "l’Europe à son printemps" ; j’ai vécu, tout au long des années soixante, une expérience européenne heureuse, en pleine harmonie avec mes collègues des cinq autres nations ; cela, quelques années après le miracle improbable et pourtant advenu, de la réconciliation entre ennemis dits héréditaires, réconciliation intervenue après la guerre "totale" et, pire, - l’impensable : la Shoah ! Notre "expérience européenne " fondait alors, nous semblait-il, une espérance, un concept nouveau, celui d’une " Europe d’après Auschwitz " !
Et quelque chose se serre en moi : les dernière années d’Union Européenne m’apparaissent si décevantes ! Les fruits sont loin d’avoir passé la promesse des fleurs.
Il me reste à espérer qu’après l’épreuve de la pandémie, quelque chose changera pour le monde, et qu’alors paraîtra le vrai "visage de l’Europe, ma plus grande patrie." Pierre, confiné à Avignon.
Sur ce, je vous souhaite un bon vendredi. Si vous voulez suivre en direct la séance plénière du Conseil régional à partir de 9h30, c'est ici, mais je pense que vous aurez mieux à faire.
A demain, pour une nouvelle proposition d'écriture. Continuez à m'envoyer des textes et des photos sur he.criture@gmail.com.