2 Décembre 2018
Salut les gilets jaunes ! Ca fait exactement trois mois qu’on a quitté le Guilvinec. On a parcouru 3700 milles (6845 km) et passé 20 nuits en mer. On est arrivés ce matin à Mindelo, sur l’île de Sao Vincente au Cap Vert, notre dernière étape avant la "grande" traversée.
Avant de larguer les amarres nous devons impérativement trouver une laverie. En trois mois, on n’a fait que quatre lessives. La dernière, début novembre, à Dakar, où nous avions confié notre linge sale à Mamie Lessive. Il y a urgence !
Depuis un mois, on fait le plein d'eau avec des jerrycans. Commes vous le voyez, ça m'amuse beaucoup.
Depuis qu’on est en Afrique, le ravitaillement en eau douce et en eau potable est une occupation parmi d’autres, car il n’y a pas de ports avec des pontons équipés de robinets. On est toujours au mouillage et on doit remplir nos jerrycans ou acheter des bouteilles d’eau et les trimballer en annexe. Alors on évite les lessives et les douches sur le bateau. On n’a pris que quatre vraies douches (froides) en un mois, mais on finit par s’habituer.
En revanche, on astique le voilier régulièrement. Un bateau se salit beaucoup plus vite qu’un appartement, car ça bouge tout le temps et il y a toujours une miette ou une poussière qui vole. La miette, c’est l’ennemi du marin. Ça moisit dans les coins, ça sent mauvais et ça glisse quand on marche dessus.
Le "marché" aux poisson de Santa Maria, sur l'île de Sal au Cap Vert. Les produits de la pêche sont vendus directement sur le ponton à l'arrivée des barques.
Pour le ravitaillement en comestibles, tout va bien, dans la mesure où nous avons renoncé depuis longtemps au beurre salé et à la salade verte. Depuis notre dernier plein de courses chez Auchan à Mbour au sud de Dakar (oui, Auchan, vous avez bien lu), nous avons encore des réserves de pâtes, de riz et de boîtes en tout genre. Ce qui est plus compliqué à trouver et à conserver, ce sont les fruits et les légumes.
J’ai demandé à Gilles quel bilan il tirait de ces trois mois en mer. La réponse est à son image : "c’est bien". En insistant un peu j’ai réussi à lui faire dire que notre voyage est conforme à ce qu’il imaginait. Il est très satisfait du Pogo et de la manière dont il l’a préparé, mais il regrette qu’il soit aussi sale. La bôme, le mât et les bouts sont couverts de poussière et de sel. Mais "ça n’empêche pas le bateau d’avancer". C’est l’essentiel.
Concernant le programme touristique de cet automne, ce qu’il a préféré c’est l’île de Madère et le Cap Vert. Le Sénégal, "si c’était à refaire je ne le referais pas." La moussaillonne, "ça va, mais elle râle trop au sujet de l’inconfort du bateau". Enfin, il estime que nous n’avons pas été gâtés au niveau météo depuis notre départ. Sur ce point, au moins, nous sommes d’accord.
De mon côté, j’ai bien aimé notre étape au Sénégal, même si j’aurais préféré que Gilles apprécie plus et soit moins malade, et je me sens bien au Cap Vert. C’est vrai qu’on est très secoués et pas très bien assis dans le Pogo, qui, de surcroît, est très bruyant. Parfois j’en ai marre de me cogner ou de me faire rincer par une vague et je râle. Ça m’apprendra à partir en croisière sur un voilier taillé pour la course.
Je n’ai pas l’impression d’avoir beaucoup progressé en navigation, et je lis beaucoup moins que je ne l’avais imaginé. Mais j’ai découvert qu’il y a des papillons qui volent au large, à plusieurs dizaines de kilomètres des côtes, et ça me fascine. Comme chaque fois que je voyage, j’apprécie d’être plongée dans un univers différent du mien et je mesure à quel point nous vivons dans le luxe en France ! C’est sans doute pour cela qu’on râle autant, moi la première.
A part ça, on se promène en short depuis trois mois et c’est bien agréable. Il fait 27°C et on a du mal à imaginer le froid et la neige, même si les décorations de Noël font leur apparition. Mindelo est le seul port de plaisance du Cap Vert. Tous les bateaux qui sont ici se préparent à traverser. Il y a des pontons, des toilettes et des douches chaudes. On va en profiter un maximum !