5 Décembre 2018
Salut les ami-e-s ! Toutes mes excuses si je vous ai heurté-e-s en vous appelant les "gilets jaunes". Ici on n’a aucune idée de ce que représente ce mouvement. On est complètement déconnectés de la vraie vie. Autour de nous, la seule préoccupation c’est : "quand est-ce que vous partez ?" Cela ne signifie pas que les gens sont pressés de nous voir déguerpir. Cela signifie juste que Mindelo, pour tous les navigateurs, est la dernière étape avant la traversée.
Notre voisin de ponton, le beau et sympathique Patrick (c'est lui-même qui le dit), décolle aujourd'hui.
A Mindelo il y a une belle marina, aménagée par un Allemand, avec des pontons équipés de prises électriques et de robinets, des douches très propres avec eau chaude, une pompe à essence et du personnel qui s’y connaît en mécanique. C’est très pratique si on a quelques réglages ou réparations à effectuer avant le grand saut dans le vide. Tout le monde s’active sur les pontons avec une fébrilité partagée et, comme toujours quand on poursuit un même but, une bienveillante complicité – ou un brin de rivalité – perceptible dans les regards et les sourires.
Notre petit Kornog est entouré d’énormes catamarans, dont certains coûtent beaucoup plus d’un million. Pas de gilets jaunes à Mindelo, que des gilets de sauvetage auto-gonflants dernier cri ! En y regardant de plus près, on trouve aussi quelques "petits vieux" qui vont tenter la traversée, des bateaux anciens, un peu bringuebalants, qu’on imagine mal affronter une tempête, quelques doux rêveurs, qui ont largué les amarres depuis bien longtemps et pas mal de bateaux stoppeurs.
Il est mignon le petit Sodade de Jean-Yves. Il a déjà traversé quatre fois et s'apprête à recommencer.
La marina dispose aussi d’un bar flottant, réservé aux navigateurs et sévèrement gardé par deux vigiles. Autour d’un "grogue" (le rhum local) on y échange dans toutes les langues, surtout le français et l’anglais, mais sur un seul sujet : le bateau.
Chacun compare l’état de son gréement, la qualité de ses voiles, la réactivité de son pilote automatique, son tirant d’eau, sa moyenne au prés, ses surfs au portant et reluque la chemise d’un autre capitaine pour voir si elle est plus blanche que la sienne. Comme dirait ma maman lorsqu’elle va à l’hôpital, "c’est un monde très intéressant à observer".
Au milieu de cette effervescence, nous avons retrouvé plusieurs équipages, que nous avions croisés auparavant, dont certains ont effectué des missions pour Voiles sans frontières. Tout d’abord la famille de Rodo et Véro, sur Zanzibar, avec qui nous avons rempli notre mission "gilets de sauvetage" à Diogane. Nous les avons croisés dimanche matin. Ils allaient quitter le ponton, au moment où nous arrivions. Nous avons tout juste eu le temps de les saluer et de leur souhaiter bon vent.
Ensuite nous avons vu partir Philippe, un Dunkerquois pure souche, un copain de copain, que nous avions croisé quelques fois dans le Nord et que nous avons retrouvé ici par hasard.
Hier, c’était au tour d’Hélène et Henri de larguer les amarres avec leurs deux fillettes, sur Twiny, la réplique du catamaran du chanteur Antoine. Nous les avions rencontrés à l’Assemblée générale de Voiles sans frontières, au printemps dernier. Ils ont apporté des manuels scolaires à l’école du village de Siwo.
Nous avons retrouvé ici aussi la famille "9onaboat" sur SeaYou. Une famille étonnante avec sept enfants à bord. Nous avions fait la connaissance d’Olivia, la maman, lors d’un stage sur la météo en haute mer à Lorient. Suite à notre rencontre, eux aussi se sont engagés pour VSF. Avec leur sept enfants blonds, ils ont créé l’attraction dans le Sine Saloum ! Et aussi François et Véronique, un autre couple très sympathique, avec qui nous avions participé à Lorient à un stage de premier secours en mer, qui navigue sur Soleil le vent.
François et Véronique sont comme nous. François ne travaille plus, Véronique reprend dans quelques mois...
Si la météo ne change pas, nous larguerons les amarres vendredi, avec l’espoir d’arriver à la Martinique, avant Noël. Vendredi c’est le 7 décembre alors, je vous pose une devinette, c’est quoi le 7 décembre ? On va voir qui répond le premier ou la première…