30 Septembre 2018
Salut les Lisbonnins, Lisbonnais-es et Lisboètes. Notre arrivée à Lisbonne a été un peu mouvementée, pourtant ça avait bien commencé. Après plusieurs jours de bouderie, Eole s’était enfin décidé à pointer ses moustaches et nous avait offert une nuit complète sous spi, de Figueira da Foz jusqu’au fameux Cabo da Roca, au nord de Lisbonne, avec un vent plutôt régulier aux alentours de 15 nœuds. (Pour les non navigateurs, ça veut dire qu’on filait allègrement dans la bonne direction, avec notre belle voile rouge gonflée à l’avant, sans avoir besoin de zigzaguer.)
Quand on est arrivés près de l’embouchure du Tage, au lever du jour, Gilles dormait sur ses deux oreilles. C’était la fin de mon quart, je jouais avec son téléphone comme d’habitude et j’ai un peu tardé à le réveiller, alors que je sentais bien que le vent montait à l’approche de la pointe. Ce qui devait arriver arriva : on s’est pris une bonne rafale à 30 nœuds et on est partis au tas (en bon français, le bateau s’est couché parce que les voiles n’étaient plus adaptées à la force du vent).
Le temps que le capitaine enfile son gilet et que la moussaillonne choque la grand-voile, le spi s'était lancé dans un tango endiablé avec l’étai de génois et il n’était plus question de les séparer ni de prendre des photos (pour dire les choses autrement, notre belle voile rouge s’était entortillée autour du câble qui sert à tendre une autre voile et ballottait au vent comme une malheureuse mouche qui se débat dans une toile d’araignée. Et moi, j’avais raté le lever du soleil !).
Il nous a fallu une bonne heure, avec 25 nœuds dans le dos et une mer bien mieux réveillée que nous, pour arriver à "démêler ce merdier" selon Gilles le poète, et reprendre notre direction. Et là, surprise, à peine entrés dans l’estuaire du Tage, plus un pet de vent ! Pas le moindre souffle. Après une nuit blanche et notre petite frayeur matinale, trois heures de moteur pour arriver jusqu’au Pont du 25 avril, ça nous a paru bien long, même si ça nous a permis d'avoir une bonne vue d'ensemble de la ville.
Arrivés à la hauteur du fameux pont, on a été désagréablement surpris par le bruit, ou plutôt le vacarme de la circulation. La structure métallique vibre sous les roues des voitures et des camions, et on a l’impression qu’un énorme essaim d’abeilles gronde en permanence, sauf quand il est couvert par le bruit des avions et des hélicoptères qui n’en finissent pas de strier le ciel. Bref on était un peu dépités.
Au final on a trouvé une place dans une marina un peu plus éloignée du pont, mais très bien placée par rapport au centre ville et devinez ce qu’on a fait, une fois qu’on était amarrés au ponton ? On a dormi. Alors qu’on pensait visiter Lisbonne dans la matinée, on n’est descendus de bateau que vers 19 heures, à la nuit tombante, comme des rats, pour aller flâner le long des quais.
Les deux jours suivants, on s’est bien rattrapés. Pour commencer, on a filé au marché aux puces pour vérifier qu’aucune faïence de Quimper ne s’y était perdue par erreur. Puis on a fait la queue devant les musées, on s'est recueillis devant le tombeau de Vasco de Gama au Panthéon, on s'est recueillis devant la tombe de Vasco de Gama dans le Mosteiro dos Jeronimos (cherchez l'erreur), on a grimpé jusqu’aux miradouros pour avoir une vue panoramique sur la ville, pris le frais dans les églises, baissé la tête pour pénétrer dans les cachots de la Tour de Belém et mangé des pastéis de nata en pensant à la sœur de Gilles. Et il y aurait encore mille choses à raconter tellement cette ville est riche et belle.
Mais le vent n'attend pas (Gilles non plus) alors nous avons démêlé notre spi rouge et nous reprenons la mer aujourd'hui direction Santo Porto, une petite île de l’archipel de Madère. On en a au moins pour trois jours de navigation. D’ici là on vous laisse en compagnie de notre voisin de ponton, Mario Salves, qui propose des tours en voilier sur le Tage aux touristes. Vous le trouverez sur Airbnb, à la rubrique "expériences". Comme il est sympa, on lui fait un peu de publicité !