4 Septembre 2018
Salut les copains ! On est bien arrivés à Hendaye. Je vous ai mitonné une petite vidéo sur notre premier jour en mer et un article sur la première nuit, parce que les images, la nuit avec le téléphone c'est pas génial... Et au fait, bravo à Françoise ! Le bracelet c'est du galuchat de raie, autrement dit, de la peau de poisson tannée comme un cuir.
Bises à tous et à bientôt.
Lundi 3 septembre, 5 heures du matin.
Je viens de prendre mon deuxième quart de nuit. Un petit quart, de deux heures, car je suis fatiguée par l’effervescence du départ.
Dehors tout est calme. Avec 17 nœuds de vent de travers, le bateau avance à 10 nœuds. Sur terre, cela ne représente que 18 kilomètres à l’heure, mais sur l’eau, on a une sensation de vitesse et c’est une bonne moyenne.
L’air est doux et le ciel bien dégagé. Pendant mon premier quart, avant le lever de la lune, il était d’un noir profond, constellé d’étoiles. On aperçoit une luciole qui danse sur l’horizon. Grâce à l’AIS (un système de détection des navires) je sais qu’il s’agit de Tevfik Bey, un cargo de 121 mètres de long qui fait route vers Saint-Nazaire. Nous avons également croisé FV Le Battant, un pêcheur. En dehors de ces deux noctambules, nous sommes seuls au large des Sables-d’Olonne, à une centaine de kilomètres de la côte, sans connexion à Facebook, Twitter, ni autre Instagram, mais avec des milliers d’étoiles au-dessus de la tête et des millions de m3 d’eau sous les fesses.
Je réalise à peine que nous partons pour plusieurs mois. Depuis des semaines nous ne parlons que de ce voyage, mais c’est maintenant que je prends conscience que je vais passer des nuits entières à lutter contre le sommeil ou au contraire, à essayer en vain de m’endormir dans les grincements, les bruits de chocs et le roulis saccadé de Kornog.
De temps en temps je sors du carré (la partie centrale de l’habitacle qui sert de salon-salle-à-manger-cuisine-chambre d’amis et poste de vigie) pour grimper sur le pont et vérifier qu’aucun navire fantôme ne pointe son étrave à l’horizon. J’ai tout mon temps pour penser à vous tous et toutes, collègues et amis, et à vos marques d’affection de ces derniers jours, pour notre départ et pour mon anniversaire.
Je ne pourrai pas vous remercier individuellement, mais je pense à chacun-e de vous et je sais que sans vous, je n’aurais jamais eu le courage de me lancer dans cette aventure. Alors, du fond du cœur : MERCI !