31 Août 2018
Sachant qu’un navigateur consomme en moyenne trois litres d’eau par 24 heures et que, par mer calme, une navigatrice peut dévorer deux gros bouquins par jour, que le capitaine ne rechigne pas devant un petit rhum et qu’il prévoit une bonne bouteille de whisky pour les invités et une réserve de Breizh Cola pour accompagner le saucisson de 17 heures, que nous nous sommes engagés à livrer un mètre cube de gilets de sauvetage au Siné Saloum pour Voiles Sans Frontières, que notre ménagère en plastique nous permet de recevoir correctement huit convives à condition qu’ils acceptent de manger sur leurs genoux, qu’une plaque de chocolat entamée est aussitôt terminée, que la navigatrice a besoin de ses 30 grammes de picotin* pour démarrer la journée alors que le Breton déjeune avec des crêpes, que Monsieur boit du café et emporte son PC quand Madame carbure au thé et voyage avec son Mac, qu’elle a renoncé au sèche-cheveux mais qu’il s’accroche à son rasoir électrique, que pour un an de croisière on embarque presque autant de kilos de médicaments que de voiles (antibiotiques, antispasmodiques, anti-moustiques, anti-allergiques, anti-hémorragiques, antihistaminiques, anti-inflammatoires, anti-diarrhéiques, anti-nausées, anti-stress, antiquités,…), qu’il faut prévoir de nombreuses paires de chaussettes pour éviter de puer des pieds et qu’une moussaillonne, même peu coquette, aime bien changer de chaussures de temps en temps, qu’on a passé l’âge de monter les blancs en neige à la fourchette pour la mousse au chocolat et qu’on va donc acheter un batteur manuel, que j’ai laissé mon vieux chat chez le père de mes enfants (je le remercie au passage car je sais qu’il en prendra bien soin), que mes collègues de travail m’ont offert un superbe plaid-coussin, aussi ventru et doux que mon vieux chat, mais beaucoup moins lourd (au re-passage, je les re-mercie également pour toutes leurs attentions qui me permettent de partir en sachant que j’aurai du plaisir à revenir), que notre annexe** pèse le poids d’un âne mort, que notre radeau de survie est assez grand pour six personnes, que Gilles a ajouté 40 mètres de chaîne à l’ancre afin de mouiller*** plus facilement, qu’une bonbonne de gaz dure en moyenne trois semaines, que nous n’avons que 200 litres de réserve d’eau douce pour la cuisine et les douches (quelles douches ?) et que nos guides de voyage à eux seuls pèsent autant que notre ration de boisson hebdomadaire… Sachant tout cela j’en conclus que « boire ou lire, il faudra choisir », à moins de charger la liseuse.